Dimanche 14 janvier :
Cinq hommes qui tentaient de rejoindre le Royaume-Uni sont morts dans la nuit de samedi à dimanche au large des côtes du Pas-de-Calais.
C’est sur ce titre froid que la nouvelle est tombée. Quatre corps ont d’abord été retrouvés, puis un cinquième, un jeune adulte en urgence absolue transféré à l'hôpital de Boulogne-sur-Mer, où il décèdera. Plus tard le journal local la voix du nord, relèvera le témoignage d’un des jeunes rescapés du naufrage « dès le départ, on s’est tous noyés. » Au total, 72 exilés ont échappé à la mort. Ces situations dramatiques sont les conséquences d’une politique mortifère à la frontière. Depuis 30 ans, comme le révèle les travaux de Pierre Bonnevalle, on observe sur le littoral nord une politique dite de « dissuasion ». Dès lors, s’instaure une production consciente de l’irrégularité des personnes présentes, notamment à Calais. Ainsi, il est quasiment impossible pour un exilé sur place de demander l’asile politique.
À cette réalité s’ajoute une autre réalité, plus perceptible. La militarisation de la frontière franco-britannique est une doctrine assumée. Cette doctrine violente s’illustre sur le terrain par une répression constante des exilés sur place. Les forces de l’ordre par des opérations d’envergure, opère chaque 48h pour expulser les exilés qui s’installent dans les sous-bois et ainsi satisfaire la maire de Calais. Les tentes sont confisquées et les exilés dispersés.
Cette doctrine militaire épuise les corps et les esprits de ceux qui cherchent à rejoindre l’Angleterre et produit sur eux des effets psychologiques indiscutables.
Trop c’est trop ! La France n’a pas à participer au blocage des exilés qui veulent rejoindre l’Angleterre. Cette politique de garde-barrière permanente, qui condamne les gens à mourir en mer doit cesser. Il est temps de traiter avec dignité les exilés présents sur notre sol et de mettre en place un corridor humanitaire vers l’Angleterre pour protéger les vies. Nous devons en finir avec la politique d’ « externalisation » de la frontière anglaise sur le sol français et remettre en cause les accords du Touquet.
Gabriel Amard : député du Rhône