Discussion générale sur la politique agricole commune et la souveraineté alimentaire en commission des affaires européennes. Audition de Marc Fesneau, ministre de l’agriculture le 11 juillet 2023.
En octobre 2021, l’Autorité environnementale affirmait dans son avis que le Plan Stratégique Nationale (PSN) de la PAC ne prenait pas en compte au juste niveau les enjeux environnementaux. Ce seront donc 9 milliards d’euros par an jusqu’en 2027 qui ne permettront pas de transformer nos modèles agricoles comme il le faudrait.
L’urgence écologique n’est pas prise au sérieux, et les quelques mesures envisagées ne sont que cosmétiques.
La Cour des comptes elle-même expliquait que les politiques de “verdissement” de la PAC n'avaient que “peu d’effets concrets” tandis que les indicateurs de la biodiversité eux ne cessent de se dégrader, que l’utilisation de pesticides ne diminue pas, et que la conversion à l’agriculture biologique est trop lente. Seulement 9,5% de la surface agricole utile française est consacrée au bio alors que les objectifs étaient fixés à 15% pour 2022.
Concernant les pesticides, l’Etat a ignoré les objectifs de réduction qu’il s’était fixés et a failli à son obligation de protection des eaux souterraines. Il a pour cela été condamné le 29 juin dernier par le tribunal administratif de Paris grâce au travail mené par le collectif Justice pour le vivant.
De même, vous ignorez la question de l’élevage qui représente pourtant plus de 50% des émissions de gaz à effets de serre d’origine agricole. Je ne vous apprends pas que nous consacrons plus de 10% de nos surfaces agricoles à la production de maïs afin de gaver des millions d'animaux entassés dans des fermes-usines.
Vous pouvez tordre le problème dans tous les sens, aucun projet de politique agricole n’est crédible s’il ne prévoit pas de réduire notre production et notre consommation de viande. Il est plus qu’urgent d’établir un plan agricole pour rééquilibrer la production de protéines végétales par rapport aux protéines carnées. En plus de rendre la dignité aux animaux aujourd’hui maltraités et torturés, c’est un incontournable moyen de répondre à la crise climatique et à l’urgence d’être sobre en eau.