Interdire les lobbys
Tout responsable politique de gauche doit se comporter comme une vigie citoyenne qui dénonce et rend public toute collusion et tout conflit d’intérêts entre dirigeants politiques, hauts fonctionnaires et les lobbys. L’éthique que nous exigeons des autres, nous la devrons pour nous-mêmes. C’est pourquoi, il faut que chacun s’abstienne de rencontrer les lobbys – entendons-nous bien les lobbys des multinationales, les lobbys financiers, industriels etc. Il est par contre primordial d’entretenir un dialogue constant avec les ONG, les syndicats, les associations dont le but est de promouvoir l’intérêt général.
De même, il est indispensable de soutenir toute initiative citoyenne européenne visant à l’interdiction des lobbys. Nous pourrons également en lancer une, si aucune action émanant de la société civile n’émerge.
A défaut de réussite d’une telle proposition, il semble utile de promouvoir une réglementation plus stricte des lobbys. Cette réglementation doit se fonder sur une charte du lobbying que nous pourrons écrire. Tout d’abord, l’inscription sur un registre public des lobbys et les lobbyistes aux institutions européennes doit être rendue obligatoire. Il y sera fait mention de leur adresse, de leurs missions, de leur budget, de leurs collaborateurs, de leurs financeurs, de leur agenda. Pour plus de transparence, chaque responsable politique aura l’obligation de publier tous les documents que les lobbys leur ont transmis. Les budgets des lobbys seront plafonnés, sur le modèle des campagnes électorales. L’activité de lobbying sera interdite en cas de condamnation pour des faits de corruption, de prise illégale d’intérêts, de trafic d’influence, et de fraude fiscale. Par ailleurs, la proposition instaurera un délai de 5 ans entre le passage de la fonction publique ou d’un mandat politique aux activités attachées au lobbying. Par conséquent, sera instauré un délit de pratique illégale/abusive du lobbying.
Le Grand trafic néolibéral, Les lobbys en Europe, éditions Bruno Leprince, pages 177-178