Discussion générale suite à l’audition de Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF le 2 octobre 2024
Monsieur le Président directeur général de la SNCF,
Depuis dès décennies nous assistons au démantèlement méthodique des capacités de la puissance publique. L’Etat ne dispose d’aucune véritable stratégie industrielle, ni d’une politique cohérente en matière de transports ou de développement des réseaux collectifs dans les bassins de vie.
La SNCF qui devrait être un levier essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour l’accessibilité du train à toutes et tous se trouve affaiblie par des orientations politiques contraires à l’intérêt général.
Le groupe La France insoumise - Nouveau Front Populaire souhaiterait revenir sur un sujet d’une extrême gravité, le “plan de discontinuité” proposé par l’ancien ministre délégué aux transports, Monsieur Clément Beaune, qui prévoit la liquidation de Fret SNCF. Ce plan entraînerait la cession de 23 flux, dédiés à des entreprises privées pour des marchandises représentant 102 millions d’euros de recettes annuelles qui seraient captées par des entreprises allemandes et belges.
Mais il ne s’agit pas seulement d’une question économique. La disparition de Fret SNCF aboutirait à la création de deux nouvelles entités, une dédiée à la gestion des capacités et l’autre à la maintenance des locomotives.
Un choix en soit déjà contestable mais que dire des lignes rouges posées par Monsieur Beaune. Deux points de ruptures avaient été définis annulant le projet si dépassé.
La première ligne rouge concerne le report modal inversé. En clair, la suppression de certains flux ferroviaires pourraient provoquer le passage de 300 000 à 500 000 poids lourd supplémentaires sur nos routes, une catastrophe écologique annoncée. Monsieur, pouvez-vous confirmer que ce risque est bien réel comme l’annonce l'excellente expertise des syndicats de la SNCF.
La seconde ligne rouge concerne la viabilité économique des deux nouvelles entités. Or, face à un budget 2025 placé sous le signe de l’austérité, pouvez-vous garantir que ces deux entreprises auront les moyens de survivre économiquement ?
Enfin sur la question de la ligne Lyon-Turin. Après l’éboulement dans la vallée de la Maurienne en 2023, la réouverture de la ligne initialement prévue pour cet été, a été repoussé à début 2025. Pouvez-vous nous confirmer une date ferme pour la reprise de cette ligne essentielle ?
Votre franchise lors de vos précédentes auditions notamment à propos d’une meilleure utilisation de la ligne entre la France et l’Italie a été saluée. Nous espérons aujourd’hui des réponses aussi claires et courageuses.